Rédaction en ligne
mardi 23 février 2010, 12:21
M. Marlier ignorait lundi que Moro avait fait l’objet d’une condamnation en Italie, © TTLAGENCY
Qui se cache derrière « Città Verde », le projet de centre commercial à Farciennes (Hainaut, région de Charleroi) ? La question mérite d’être posée. Le promoteur transalpin, le Gruppo Moro, est en fait une SCRL familiale dont le capital se chiffre à 15.000 euros. En Belgique, où ils sont représentés par l’homme d’affaire Robert Marlier, ils ont créé trois sociétés distinctes mais où figurent en permanence Gianni Moro et Robert Marlier. En sus, l’actionnariat de l’une d’elle, la SCRL Cittadella, comporte son lot de surprise.
L’actionnaire minoritaire, Comit Invest, compte parmi ses administrateurs le député Patrick Moriau (PS) ; et l’actionnaire majoritaire (à 99 %), une SA luxembourgeoise, est détenue par une société basée dans le paradis fiscal des Iles Vierges. Le mayeur de Chapelle-lez-Herlaimont explique que c’est par accident qu’il apparaît encore comme administrateur de Comit Invest, l’un des partenaires de Città Verde, présidé par Gianni Moro et dont l’administrateur-délégué est Robert Marlier. D’abord, il confie ignorer que son nom figure dans l’acte constitutif de cette société. Puis se souvient : « Ami de Robert Marlier, je suis intervenu pour les aider car Robert et Gianni Moro ne savaient pas trop à qui s’adresser pour introduire les demandes de permis. » Par ailleurs, glisse-t-il, Comit était à ses yeux une boîte de communication dont le but était d’organiser des manifestations italiennes à Farciennes, en marge du projet Città Verde. Il ne pensait plus être administrateur (sic) et a donc omis de déclarer ce mandat. Robert Marlier dit avoir sollicité le mayeur au titre d’« expert en relations extérieures ». L’objet social de Comit mentionne, lui, des activités immobilières et d’assistance aux sociétés.
Cette nébuleuse intrigue la justice carolo qui, en 2007, a ouvert une instruction judiciaire. Celle-ci soupçonne des opérations de blanchiment d’argent.
Réputé porteur d’emplois, le refus du projet Città Verde par Philippe Henry avait valu au ministre Ecolo une volée de bois vert, les critiques fusant jusqu’au sein du gouvernement wallon.
Une enquête de Pascal Lorent
Blog informatif du Comité de Vigilance Citoyen. « La confiance du public et l’éthique au sein de l'État sont non négociables; ce sont des conditions préalables que tout gouvernement démocratique digne de ce nom est tenu de respecter. »
CITTA VERDE
LE CITOYEN EXIGE LA TRANSPARENCE COMPLETE DANS LE PROJET IMMOBILIER « CITTA VERDE »
Mise à jour 23/02/10 7H30
Le quotidien Le Soir répercute la dépêche Belga ce matin, le CVC espère que son communiqué de presse du 22/02/10 ainsi que le relai médiatique aideront à faire la clarté dans ce dossier. (dossier complet envoyé le 22 février à Sud Presse, La Libre, Le Soir, Belga, La Dernière heure, le Vif) simultanément à sa publication sur ce blog.
La polémique autour du projet immobilier à Farciennes, Città Verde , après le refus du ministre Philippe Henry (Ecolo) et celui du ministre Antoine (cdH) en 2009 pour le projet Citadelle, fissure une fois de plus la fragile coalition Olivier au pouvoir en Région Wallonne. Et si le ministre Henry avait raison de classer verticalement ce projet, mais pour d’autres raisons que celles mises en avant ?
Le personnage central dans le projet, après Gianni Moro, patron de Gruppo Moro, est Robert Marlier, homme d’affaire lié à la mouvance Van Cauwenberghe. On le retrouve dans l’affaire Immo Congo avec Daniel Lebrun et la Dernière Heure en novembre 2006 fait le lien entre l’entrée de Lebrun dans Immo Congo et le retour d’ascenseur pour Marlier dans le projet Citadelle. Le quotidien relève que le dossier Citadelle s’était embourbé dans l’entrecroisement des zones de chalandise jusqu’en juin 2004, « soit peu de temps après la fameuse tractation autour du marché qui a vu la création d’Immo Congo par Daniel Lebrun et Robert Marlier ».
Au moins deux sociétés ont été créées pour l’occasion : la S.A. CITADELLE et la SPRL CITTA VERDE.
La S.A. CITADELLE (N° d’entreprise 0480703591), fondée le 26 mai 2003, a pour président du conseil d’administration Gianni Moro, pour administrateur-délégué rémunéré Robert Marlier, et pour administrateurs Omar Moro et Michel Crema. Son siège social est passé de la rue de Lambusart, 10 à Farciennes, à l’avenue de Waterloo, 4/6 à Charleroi pour arriver avenue de la Joyeuse Entrée, 12 à 1040 Bruxelles. Le capital de départ de la société se monte à 284.000 euros. La perte d’exploitation en 2005 se chiffrait à 202.438 euros, en 2006 à 264.282 euros, en 2007, à 327.708 euros et en 2008 à 288.022 euros, avec une perte à reporter de 1.063.108 euros.
La SPRL CITTA VERDE a été créée le 21 octobre 2009, avec Gianni Moro, gérant et fondé de pouvoir, Robert Marlier, chargé de l’immatriculation de la société à la banque Carrefour des Entreprises. Le N° d’entreprise : 0819542904. Sont actionnaires de la SPRL Città Verde : La S.A. CITADELLE et la SRL INIZIATIVE, de droit italien. La S.A. Citadelle détient 10.732 parts sociales (essentiellement en contrepartie d’un apport en nature des terrains de Farciennes) tandis que la SRL Iniziative reçoit 15 parts sociales pour apport en numéraire de 15.000 euros. Le siège social est également sis avenue de la Joyeuse Entrée, 12 à 1040 Etterbeek.
Jusqu’ici, rien de bien anormal. Appliquant la devise figurant sur le site d’un député socialiste « La vérité appartient à ceux qui la cherchent et non à ceux qui croient l’avoir trouvée – Condorcet » nous entrons dans la page du Moniteur Belge relatives aux personnes morales, le N° d’entreprise 0414515147. Le site renseigne sous ce numéro la société S.A. COMIT INVEST. Anciennement, la société s’appelait « Maison du Crédit Hypothécaire SCRL » dont les actionnaires étaient AXA, Delta Lloyd, Fortis, UPC, AGF, CENTEA, KBC et Mercator Bank. Rien de plus normal pour une société de crédit hypothécaire. En 2005, la Maison du Crédit Professionnel SCRL change de nom, d’actionnariat, de raison sociale et de statut pour s’appeler S.A. COMIT INVEST, les banquiers quittent le conseil d’administration et sont remplacés par Gianni Moro, président du conseil d’administration, Marlier et … Patrick Moriau nommés administrateurs le 13 juin 2005. Le capital de la société est de 116.262 euros.
Autre surprise, le siège social de COMIT INVEST , comme celui de l’ex-Maison du Crédit Hypothécaire est Avenue de la Joyeuse Entrée, 12 à 1040 Bruxelles, même adresse que la S.A. Citadelle et la SPRL Città Verde. COMIT INVEST annonce en 2008 une perte d’exploitation de 22058 euros, en 2009, de 13373 euros. Les comptes 2005, 2006 et 2007 n’ont été déposés à la Banque Nationale de Belgique qu’en 2008 et la structure de l’actionnariat n’est pas mentionnée dans les bilans annuels.
Centrale des bilans 2005 (extrait)
Moniteur belge 2005 (extrait)
L’adresse de Patrick Moriau renseignée dans l’acte correspond bien à celle renseignée sur son site à la page « Vie privée ». Une confusion homonymique n’est donc pas possible.
Poursuivant les investigations, nous découvrons sous le N° d’entreprise 0879010139 la société CITTADELLA : adresse au numéro 12 de l’avenue de la Joyeuse Entrée à 1040 Bruxelles et créée le 25 janvier 2006. Cittadella compte comme actionnaires : COMIT INVEST (avec Patrick Moriau et Robert Marlier comme administrateur et Gianni Moro, président) pour 2 parts sociales et la S.A. FMI PROPERTIES de droit luxembourgeois pour 198 parts. Cette dernière société est domiciliée à une boîte aux lettres au Grand-Duché de Luxembourg : Adresse du siège social : Etude LUTGEN & MC GAW Rue Sainte Zithe, 10 Luxembourg et N° d’entreprise au registre de commerce de Luxembourg : B111911. Question de brouiller les pistes, l’acte de constitution de CITTADELLA mentionne un le N° d’entreprise incorrect pour FMI PROPERTIES, renvoyant à une société de droit luxembourgeois mise en faillite. La perte d’exploitation en 2008 était de 6.771 euros et les comptes 2006, 2007 et 2008 n’ont été déposés qu’en 2009. Le bilan ne mentionne aucun nom d’administrateur ou d’associés (contrairement aux actes repris au Moniteur).
CITTADELLA ET PARADIS FISCAL
La S.A. FMI PROPERTIES est créée le 3 novembre 2005 par acte notarié au Luxembourg par l’association de deux autres sociétés de droit luxembourgeois : la SARL EXECUTIVE MANAGEMENT enregistrée sous le N° B59339 au Registre de commerce luxembourgeois et la S.A. ERMESINDE MANAGEMENT, N° B59338. Notons que les numéros d’enregistrement de ces deux sociétés se suivent. Le président du conseil d’administration de la S.A. FMI PROPERTIES est aujourd’hui Me Didier McGAW, avocat au barreau luxembourgeois de l’étude LUTGEN & McGAW.La SARL EXECUTIVE MANAGEMENT détient à la création 999 parts sur 1000, la part sociale restant étant attribuée à la S.A. ERMESINDE MANAGEMENT.
Le 23 mars 2007, la société FLORENTINE INTERNATIONAL Limited, inscrite au registre de commerce des British Virgin Islands sous le N° 34086 rachète la SARL EXECUTIVE MANAGEMENT et la SARL ERMESINDE MANAGEMENT le 8 juin 2007 et entre donc seule dans la S.A. FMI PROPERTIES.
La S.A. COMIT INVEST de Patrick Moriau, Robert Marlier et Gianni Moro est donc associée dans la S.A. CITTADELLA (Gianni Moro) à une société (FLORENTINE INTERNATIONAL Ltd) établie dans un paradis fiscal (Iles Vierges) via une société écran de droit luxembourgeois (FMI PROPERITES). (Sources : Service Central de Législation du Grand-Duché de Luxembourg)
FACEBOOK à la rescousse
Autre intervenante dans ce dossier : Angélique Crucilla. Présentée comme « Responsable du groupe Moro en Belgique » et « représentante de la S.A. Citadelle » par la presse, cette « business woman » anime un groupe sur Facebook vilipendant le ministre Henry pour sa gestion du dossier immobilier. Elle est active dans l’ASBL Bois du Cazier dont … Van Cauwenberghe est le président.
CITTA VERDE : QUAND SOCIALISME, CAPITAL ET PARADIS FISCAUX S’ENTENDENT COMME LARRONS EN FOIRE
L’enquête réalisée par le Comité de Vigilance Citoyen met en lumière des faits confirmés par des documents officiels tant belges que luxembourgeois : Moniteur, Mémorial luxembourgeois, Banque Nationale de Belgique. Les similarités relevées entre CITADELLA, CITADELLE, COMIT INVEST et CITTA VERDE (même adresse de siège social, même objet social, présence de Gianni MORO dans le CA de toutes ces sociétés) ne relèvent pas de la simple coïncidence. Toutes ces sociétés tournent de facto autour du projet immobilier du promoteur Gianni Moro.
La présence de Patrick Moriau -député fédéral socialiste, patron de la fédération socialiste de Charleroi et acteur direct et indirect de la vie économique carolo - dans la société COMIT INVEST SA à côté de Gianni Moro et l’association de cette société aux côtés d’une société enregistrée dans un paradis fiscal (FLORENTINE INTERNATIONAL Ltd) posent de nombreuses questions :
En rapport avec l’éthique et la déontologie politiques.
Pourquoi Patrick Moriau n’a-t-il jamais déclaré au Moniteur son mandat d’administrateur de la SA COMIT INVEST ?
Est-il politiquement acceptable qu’un mandataire socialiste et président de la fédération socialiste de Charleroi s’associe dans une société au promoteur immobilier Gianni Moro ? Est-on en plein dans un conflit d’intérêt, voire dans un trafic d’influences ? En effet, à la fois Patrick Moriau et Gianni Moro ont intérêt à voir le projet aboutir. Patrick Moriau en termes de voix, de retombées financières (pour qui ?) et Gianni Moro en termes d’investissements et de subsides publics via le Plan Marshall. Dans ce cas, on est bien loin du « bien commun ».
IMMO CONGO et CITTA VERDE : un montage socialiste ?
La piste du retour d’ascenseur en faveur de Robert Marlier dans l’affaire Immo Congo évoquée par les médias est-elle avérée ? En 2005, les affaires Carolos n’ont pas encore explosé à la figure du PS. Van Cauwenberghe est toujours le maître absolu de la Région et à cette époque, nul n’oserait pronostiquer l’explosion de la bombe à retardement des « afffaires ». Aujourd’hui, Elio di Rupo et Magnette clament haut et fort avoir tourné la page et avoir nettoyé les écuries d’Augias. Est-ce bien le cas ?
Pour qui « roule » Patrick Moriau ? A titre individuel et sur son patrimoine propre ? Comme lobbyiste délégué par la Fédération Socialiste de Charleroi ? Comme émissaire de l’Empereur ? D’où viennent les fonds ?
Socialisme et paradis fiscaux
Sur base des éléments objectifs et vérifiables présentés dans ce billet, l’administrateur de société Patrick Moriau est bien associé à une société basée dans un paradis fiscal. Cela va à l’encontre de la « morale » socialiste, voire de notre législation. Nous invitons l’intéressé à s’en expliquer en détail. Dans le cas contraire, toutes les suppositions resteront de mise. Ce n’est bon, ni pour l’intéressé, ni pour le Parti Socialiste, ni pour ses militants honnêtes, ni pour la démocratie. Et tant mieux si Patrick Moriau et Elio di Rupo donnent au citoyen une réponse non-ambigüe levant les doutes légitimes exposés.
Analyse et article de P. Henrot
[vii] http://www.legilux.public.lu/entr/search/index.php?ss_soc=ERMESINDE+MANAGEMENT&sr_soc=name&sc_soc=checked&sr_fj=all&sr_tp=all&sr_date=all&sl_d=1&sl_m=1&sl_y=2010&sl_d1=1&sl_m1=1&sl_y1=2010&sl_d2=16&sl_m2=2&sl_y2=2010&page_len=100&page=result&submit=Chercher
[viii] http://nn-no.facebook.com/group.php?gid=44834231249&ref=share