Ce vendredi, nous révélions que le PS étudie, en vue de son programme électoral, la régulation et la taxation des loyers. Paul Magnette y est clairement favorable, et l’Institut Emile Vandervelde planche pour l’heure sur deux propositions. D’une part, l’instauration d’un bonus/malus fiscal, via le précompte immobilier, pour récompenser les propriétaires vertueux (et sanctionner les véreux). D’autre part, la taxation des loyers réels, lorsqu’ils sont perçus par des « multipropriétaires » – Paul Magnette évoque l’exemple d’une personne disposant de 96 biens.

 

La proposition, déjà critiquée depuis sa sortie, a été descendue en flèche sur le plateau de Mise au Point, le débat du dimanche de la RTBF. « Moi, des propriétaires qui ont 96 logements, je n’en connais pas ! », a tout de suite rejeté Vincent De Wolf (MR). « Pour nous, taxer les loyers, c’est non ! Paul Magnette a dérapé avec cette proposition : il n’y a pas moyen d’aller taxer les gros sans toucher les petits propriétaires. De plus, les loyers sont déjà beaucoup taxés aujourd’hui – revenu cadastral, précompte immobilier, etc. – il n’est donc pas question d’augmenter la pression taxatoire sur les revenus immobiliers. Pour rappel, si on considère les droits d’enregistrement et les frais de succession, la taxation immobilière en Belgique est trois fois plus élevée qu’en Allemagne ou aux Pays-Bas », a-t-il affirmé avant de glisser : « Les masques tombent : quand le PS parle de fiscalité, c’est pour taxer… »

 

Le ton n’était pas plus tendre du côté du FDF : « On est dans de la posture électorale », a lancé Didier Gosuin. « Ce qui est vrai c’est qu’il va falloir faire une grande réforme fiscale. Mais s’attaquer à un seul secteur, ce n’est pas sérieux et c’est même dangereux car on risque de ralentir les investissements dans ce secteur ! C’est une mesure d’apprenti-sorcier. »

 

Même son de cloche chez Carlo Di Antonio : « Très clairement le CDH est opposé à cette proposition du PS. Premièrement, parce qu’il y a un gros risque de voir les loyers augmenter. Mais aussi car les revenus immobiliers sont déjà taxés : quand on achète, quand on revend, etc. De plus, si on veut viser les multi-propriétaires, le fisc dispose déjà des outils pour s’attaquer à ces revenus. »

 

Seul Christos Doulkeridis s’est montré plus nuancé : « Entre ceux qui disent qu’il ne faut rien changer et ceux qui disent qu’il faut tout changer, il y a des nuances. Pour nous, il faut taxer de manière plus juste car il y a des injustices entre propriétaires. Aujourd’hui, certains paient des taxes différentes pour un bien de même qualité. Pour lutter contre ça, utilisons les moyens déjà existants, comme le revenu cadastral. »

 

Egalement critiqué par les représentants des propriétaires et des locataires, Charles Picqué a regretté les interprétations « caricaturales de Paul Magnette ». Bien conscient qu’il faudrait « veiller à éviter les effets pervers comme la hausse des loyers », le bourgmestre PS a rappelé que « la proposition était avantageuse pour certains propriétaires ». « Il faut défendre les propriétaires qui investissent et s’occupent correctement de leurs biens pour avoir un revenu complémentaire », a-t-il expliqué.